Le chantier de Loupes qui sera livré dans dix-huit mois, signe-t-il la fin de la politique d’implantations d’ateliers d’Hermès en France et dans la région?
La fin? Non. Nous poursuivons une dynamique forte de croissance de nos capacités parce que la demande pour nos produits, notamment de maroquinerie, est là. Notre modèle de fabrication artisanale fait que pour augmenter la production de sacs et d’objets de maroquinerie, il faut recruter, former et créer des ateliers. Nous n’avons pas d’autres modèles de croissance que celui qui est le nôtre: parier sur les talents de nos artisans en développant des ateliers comme celui de Loupes. Nous avons ainsi, outre Loupes, plusieurs projets en cours comme celui de Riom en Auvergne ou un troisi...
Le chantier de Loupes qui sera livré dans dix-huit mois, signe-t-il la fin de la politique d’implantations d’ateliers d’Hermès en France et dans la région?
La fin? Non. Nous poursuivons une dynamique forte de croissance de nos capacités parce que la demande pour nos produits, notamment de maroquinerie, est là. Notre modèle de fabrication artisanale fait que pour augmenter la production de sacs et d’objets de maroquinerie, il faut recruter, former et créer des ateliers. Nous n’avons pas d’autres modèles de croissance que celui qui est le nôtre: parier sur les talents de nos artisans en développant des ateliers comme celui de Loupes. Nous avons ainsi, outre Loupes, plusieurs projets en cours comme celui de Riom en Auvergne ou un troisième projet en Charente, à L’Isle-d’Espagnac. Nous avons également annoncé un projet dans les Ardennes, où nous comptons deux maroquineries.
Vous n’excluez pas de créer un autre site en Gironde?
Il ne faut pas insulter l’avenir, mais Saint-Vincent-de-Paul est encore récent [quatre ans, NDLR], cela se passe très bien, on monte en puissance… Réussissons d’abord Loupes!
Quels sont les besoins de main-d’œuvre d’Hermès?
Nous avons 60 sites de production en France, dont des sites en Charente, en Dordogne, mais aussi à Limoges, toutes productions confondues. Pour la maroquinerie, le site de Loupes sera le 25e à terme, ce qui fait qu’aujourd’hui, nous comptons 6000artisans pour cette activité. Le calcul est assez facile à faire puisque chaque atelier est à peu près de la même taille, à savoir 260 artisans et une vingtaine dans des fonctions d’encadrements, de logistique, de ressources humaines. Nous ne dépassons jamais 300 artisans par atelier. Nous considérons que c’est unedimension àla taille humaine. Notre activité est et doit rester artisanale.
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«Il reste encore beaucoup de recrutements à réaliser pour Loupes»
Quels sont vos besoins à venir en matière de recrutements?
En moyenne, chaque année, au regard de nos ouvertures et projet de sites et aux remplacements des départs en retraite, nos besoins en recrutements sont environ de 400 à 500personnes, uniquement pour l’activité maroquinerie. Pour l’atelier de Loupes, des formations ont déjà démarré, mais il reste encore beaucoup d’autres recrutements à venir.
Justement, quelles conditions salariales proposez-vous à vos collaborateurs?
Chez Hermès le salaire d’embauche de base est nettement au-dessus du smic et sur 13 mois. Nous y ajoutons des «périphériques» plutôt généreux: intéressem*nt, participations aux résultats de l’entreprise… On peut arriver jusqu’à 17 mois de salaire. Quand les résultats sont très bons, [en 2023, le chiffre d’affaires d’Hermès s’est élevé à 13,4milliards d’euros, en croissance de 21et sonrésultatbrut a atteint 5,7milliards, en augmentation de 20%, NDLR] nous pouvons verser, en plus, une prime à chacun des salariés d’Hermès dans le monde. L’an dernier, elle s’élevait à 4000euros.
Enfin, nous avons mis en place un plan d’attribution d’actions gratuites [l’action est actuellement cotée environ 2170euros, NDLR] pour tous les salariés. C’est la sixième fois que nous le faisons. Pourquoi ces conditions? Pour partager la réussite de l’entreprise qui est collective. La performance n’est pas que celle des dirigeants.
À propos de performances économiques, quelles sont les zones du monde qui portent le plus vos activités?
L’an dernier, la croissance a été générale, en Asie, aux États-Unis et en Europe. Quand une zone du monde marque le pas, cela a été le cas au Japon par exemple, nous y poursuivons nos investissem*nts. Nous ne faisons pas évoluer le nombre de nos magasins : nous en avons 300environ dans le monde, mais nous les agrandissons, nous les modernisons ou nous les déplaçons dans de meilleurs emplacements. Tout cela pour mieux mettre en valeur nos produits et mieux accueillir nos clients.
La France reste-t-elle un marché important pour Hermès?
Oui, nous y réalisons plus de 9% de notre chiffre d’affaires global. Notre maillage y est bon, nous sommes très présents à Paris, dans les grandes métropoles et les destinations balnéaires comme Biarritz. La France est un marché porteur pour Hermès.
La fermeture des magasins en Russie s’imposait. Les 3 magasins représentaient moins de 1% de notre chiffre d’affaires, cela n’a pas eu d’impact sur nos résultats.
Hermès résiste donc aux tensions économiques. Qu’en est-il des tensions géopolitiques, comme le conflit en Ukraine? En Russie, d’ailleurs, Hermès a, très tôt après le déclenchement des hostilités, fermé ses boutiques…
Le contexte l’imposait. Les trois magasins représentaient moins de 1% de notre chiffre d’affaires, cela n’a pas eu d’impact sur nos résultats. Nous évoluons, depuis la création d’Hermès, dans un monde qui enchaîne les crises, politiques, financières, climatiques... Notre résilience tient à notre vision à long terme, nous sommes agiles et nous nous adaptons aux différents évènements.
Vous êtes très présents en Nouvelle-Aquitaine, ce territoire est plus favorable que d’autres aux activités d’Hermès?
(Rires) Nous sommes très présents en effet(1) mais si nous sommes très bien accueillis ici, notamment par la Région Nouvelle-Aquitaine, nous le sommes aussi dans les autres régions, car nous proposons des projets pérennes, porteurs d’emplois.
«L’atelier d’Hermès change déjà la vie de Loupes!»
À l’été 2025, l’atelier Hermès de Loupes accueillera ses premiers artisans. En attendant d’inaugurer le bâtiment bas-carbone dessiné par l’architecte Basque Patrick Arotcharen, la maire de Loupes (746 habitants), ne cache pas sa joie. «L’atelier est une magnifique chance pour Loupes! Quand nous avons appris que nous étions choisis par Hermès, la joie était immense. Rendez-vous compte, 260personnes vont travailler chaque jour dans cet atelier Hermès qui change déjà la vie de Loupes! En effet, de nombreux commerces de proximité vont rapidement voir le jour. Nous allons accueillir une boulangerie-pâtisserie, un boucher, un charcutier traiteur, un restaurant, un cabinet médical et une crèche… qui ouvre dès septembre prochain».
(1) Avec la ganterie maroquinerie de Saint-Junien, Haute-Vienne, les maroquineries de Nontron, en Dordogne, Montbron, en Charente, Saint-Vincent-de-Paul, en Gironde et prochainement, en 2025, l’Isle-d’Espagnac, en Charente.
